Mauritanie

Lutter contre la malnutrition en situation d’urgence permanente dans le Sud mauritanien

La Mauritanie est affectée par la répétition d’épisodes de crises, dont les réponses d’urgence permettent de réduire les effets immédiats. Les actions de plus long terme ciblant les causes structurelles de la malnutrition ont du mal à se consolider. C’est l’enjeu de l’action de Nutridev dans le Sud mauritanien.

Le contexte : une malnutrition ancrée dans l’extrême pauvreté

En Mauritanie, 42% de la population vivent dans une situation d’extrême pauvreté en 2015. 18% des enfants de moins de 5 ans sont atteints de malnutrition chronique et 7% de malnutrition aiguë. Le Sud Mauritanien est particulièrement affecté. Dans le Guidimakha par exemple, 63% de la population vivent sous le seuil de pauvreté, 25% sont en insécurité alimentaire et 19% des enfants de moins de 4 ans souffrent de malnutrition chronique.

« Les pratiques alimentaires et de soins des jeunes enfants sont loin des recommandations internationales, explique Namousbouga Lankoande, chef du projet Resanut au Gret. Par exemple, seuls 20% des enfants sont allaités exclusivement jusqu’à 6 mois. »

Ce que fait Nutridev dans le Sud Mauritanien depuis 2011

Depuis 2011, le Gret renforce les systèmes locaux existants pour qu’ils contribuent mieux aux réponses d’urgence dans le Brakna et le Gorgol, et dans le Guidimakha.
Dans 109 villages du Brakna et du Gorgol, Nutridev a appuyé le système de santé à dépister 19 000 enfants, mené des actions de sensibilisation communautaire auprès de 9 000 familles, formé 222 relais de nutrition communautaire et 17 agents de santé. La dimension pilote porte sur un dispositif de transfert monétaire testé pendant 4 ans auprès de 450 femmes, pour aider les familles à limiter l’impact des crises sur l’état nutritionnel et de santé de l’enfant et de sa mère. Depuis 2015, le Gret appuie une petite entreprise pour produire et commercialiser la farine infantile fortifiée Misola. Elle est distribuée dans 140 points de vente dans la région du Gorgol et du Brakna.
Dans le Guidimakha, le Gret s’est attaqué aux déterminants de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle en tenant compte des périodes de post-récolte, de soudure et des aléas climatiques. Dans les communes d’Arr, Ajar et Ould M’Bonny, des transferts monétaires à visée nutritionnelle ont été réalisés auprès de 600 femmes enceintes ou mères d’enfants de moins de 2 ans. Des actions de sensibilisation sont menées auprès de 4 500 femmes avec 75 relais communautaires formés et un aliment fortifié de complément au lait maternel est disponible dans 36 points de vente.

Les spécificités de l’action de Nutridev en Mauritanie

En Mauritanie, le programme Nutridev expérimente des filets sociaux nutritionnels à travers un système de transferts monétaires, destiné aux jeunes enfants et à leurs mères, pour répondre à leurs besoins spécifiques pendant les périodes de crise. En effet, les dispositifs d’urgence existants visent à assurer l’alimentation de l’ensemble des populations, mais ne tiennent pas compte des besoins spécifiques des enfants de moins de 2 ans, des femmes enceintes et allaitantes et de ce fait ont peu d’impact sur l’état nutritionnel.

« J’avais un enfant malade. Mon mari et moi ne travaillons pas. Lorsque j’ai eu ces 15 000 Ougiyas (45 euros), je suis partie au dispensaire et ils m’ont prescrit des médicaments pour mon enfant que j’ai bien utilisés jusqu’à sa complète guérison», témoigne une maman lors d’une enquête d’impact.

Voir la fiche de capitalisation sur les transferts monétaires au Mauritanie

Le Gret a développé un partenariat avec une entreprise locale de production de farine fortifiée, AGPI. Il vise à développer les compétences techniques et opérationnelles de cet acteur privé (production, commercialisation, gestion) et à rendre disponible à un prix accessible un aliment de complément de qualité.

Contact dans le pays

Chamekh Ould Meidane, chamekh.mr[at]gret.org

 

En Mauritanie, le Gret met en œuvre les activités du programme Nutridev en 2016 avec les partenaires suivants :

  • Partenaires financiers : Unicef, Union européenne
  • Partenaires techniques : AGIRabcd, AGPI, Misola, Unicef. Les communes d’Ajar, Arr et Ould M’Bonny sont également partenaires des projets.